L'édito

Électro(n)s libres

Ça part dans tous les sens à la vitesse des stars, ça vient percuter façon buzz le vieux monde et ses noyaux atomiques centralisés, ça vient dégenrer les cercles de neutrinos trop bien rangés : Kabeaushé, Kadilida, Jozie, OMG, Turkana, Glitter55, Dj Koyla, TNTC… Autant de noms sans particules qui font d’Africolor 2023 un accélérateur de matière musicale out of control. Ça vient aussi dégammer et dégommer dans les cordes avec Siân Pottok, Sélène Saint-Aimé ou Théo Ceccaldi, explorant les matières sombres des univers augmentés. Mais en invitant des divinités galactiques comme Bonga,Nahawa Doumbia, The Zawose Reunion, Ibrahima Sarr ou Boubacar Traoré, célébrant aussi l’étoile, pâlissante, de Soundiata (fondateur de l’empire du Mali), Africolor reste le creuset des transmissions ondulatoires universelles, une centrifugeuse musicale à 220 bpm. Et ce ne sont pas les supernovas du WamotoMusic Band, girlpower band de singeli tanzanien, qui calmeront les vibrations d’un Africolor NOKLM, où se multiplient les entrelacements quantiques, quand Sages comme des sauvages créolisent la musique du Zimbabwe ou quand Kyekyeku infuse du highlife dans le Sud-Ouest. De tout ce Tohu-Bohu incandescent sortent des créations musicales comme Kananayé, Lagon noir, Barbadine, mais aussi des soirées pour penser les soubresauts du monde, les irruptions de ses marges : le collectif Mix taRace se réunit autour de Frantz Fanon, plus que jamais électron libre inspirant de cet Africolor 2023 qui nous a laissé cette feuille de route musicale : « Ô mon corps, fais de moi toujours quelqu’un qui interroge… »

Sébastien Lagrave