L'ÉDITO
Independencia
En 2025, Africolor célèbre les indépendances des pays dits « lusophones » avec une belle part faite à l’Angola et au Cap-Vert, où résonnèrent les hymnes des grands mobilisations des 70’s. Entre Semba et Morna, le festival accueille la nouvelle génération de Luanda, avec le groupe Banda Duia, et c’est le Cesária Évora Orchestra qui met en musique les soirées capverdiennes. 1975 étant aussi l’année de l’indépendance de tout l’archipel des Comores, la légende Cheikh MC propose » Beatrad » revisitant le patrimoine comorien à travers la rencontre entre le taarab et les musiques urbaines. Parmi celles et ceux qui ont lutté et écrit pendant la longue marche vers l’indépendance, nous célébrons le centenaire de Frantz Fanon, soirée portée par Sélène Saint-Aimé et Simone Lagrand. Avec elles, d’autres nouvelles voix de l’afrodescendance jalonnent le festival: wordsofAzia, Manda Sira, Lola Malique, Socha, Keïla, Emma Lamadji, tissent de nouveaux récits de soi et de tou(te)s. Mais Africolor n’en oublie pas moins les rencontres musicales, telles que Bênfôlikan ( Sékouba Bambino/Pierre Durand/Yakouba Koné), ou l’incroyable création « L’Odyssée des Bergères » portée par la Maîtrise populaire de Joigny et Azinata Paré. Ce grand charivari musical est inauguré le 28 novembre à Pantin, avec une soirée consacrée au mizik-carnavals, qui, de l’esclavage à la colonisation, ont été des lieux de résistance et de résilience. Smaïl Kanouté et Ibaaku y célèbrent les Black Indians tandis que l’Union Kréyol de Pantin répond au Mini-Jazz-Ouragan de Maxime Delpierre. Comme des miroirs tendus entre mondes musicaux nés du même lointain soleil des indépendances.
Sébastien Lagrave