Menu

menu

← Actualités

BANDA DUIA, UNE FRATRIE DE LA MUSIQUE ANGOLAISE

Cette année, l'Angola occupe une place importante au sein de la programmation de la 37ème édition du Festival. Pour fêter son indépendance, ce sont deux dates uniques uniques qui réunissent les enfants Duia. Ariel de Bigault nous propose, en quelques lignes, une traversée de l'Histoire de Banda Duia.

BANDA DUIA, UNE FRATRIE DE LA MUSIQUE ANGOLAISE

La BANDA DUIA, c’est une fratrie de musiciens : PIRIKA (guitare), MARA (cavaquinho et
dikanza), JANDAIA (basse) et BEBÉ (percussions), 4 enfants de Eduardo Garcia Adolfo, “mestre Duia”, qui fut dans les années 60, l’un des créateurs de l’art de la “guitare angolaise” ; sur la scène d’Africolor, ils seront accompagnés par le guitariste JOÃO MARIO et le percussionniste MICK TROVOADA.

Les frères et sœurs, tous dans la quarantaine, ont appris la musique avec leur mère puis ont commencé très jeunes, dès la fin des années 90, à jouer avec leur père, décédé en 2016. Depuis, parallèlement à leurs parcours personnels avec divers groupes et artistes, les 4 frères et sœurs réinventent leur répertoire singulier, héritier de la création musicale née dans les années 60 dans les faubourgs de Luanda.

MARA joue du cavaquinho, instrument rarissime en Angola, et est une des rares femmes à jouer la dikanza (tige de bambou striée d’encoches, frottée avec une barre en bois), JANDAIA est bassiste et toutes deux sont les chanteuses du groupe; BEBÉ est
multi-instrumentiste et surtout percussionniste sur toutes sortes de supports.
PIRIKA est l’âme de la Banda, le digne héritier de son père et surtout l’un des cinq meilleurs solistes de sa génération. Il a fait partie de la Banda Maravilha au début des
années 2000 et il accompagne et crée auprès de grands artistes, comme Paulo Flores et Yuri da Cunha. JOÃO MARIO, deuxième guitare, a une longue carrière dans divers groupes et joue avec la Banda depuis plusieurs années. MICK TROVOADA est un maître des percussions et singulièrement des congas; il a commencé dans les groupes populaires des années 70, puis auprès des plus grands chanteurs comme Waldemar Bastos, il est aussi leader de créations afro-jazz ou panafricaines entre Lisbonne et Luanda.

Une grande partie des musiques populaires urbaines procède des danses de carnaval, l’un des seuls espaces où, sous le joug de la colonisation portugaise, le peuple angolais pouvait manifester sa culture et exprimer ses aspirations.
Les dizaines de milliers de travailleurs qui affluent dans les années 50 et 60 dans les périphéries des grandes villes, et notamment à Luanda, venus des provinces de Malange, à l’est, du Mbanza Congo au nord, ainsi que du sud, créent, à partir de leurs rythmes traditionnels les danses kazukuta, kabetula, varina, rebita etc.
Dans les rues des musseques (quartiers de “terre battue”), les jeunes jouent des percussions et chantent… ce sont les “turmas”, les écoles de musique de toute une génération, celle de Bonga, Carlos Lamartine, Carlos Burity, Dionisio Rocha, etc.
En 1961, l’année du début de la lutte armée contre le colonisateur, Duia fonde Os Gingas, composé de percussions – puita, dikanza, tambour – et d’une seule guitare, la sienne. Duia est né en 1941, dans le Bairro Operario, berceau des pionniers des musiques urbaines, notamment le Ngola Ritmos, de Liceu Vieira Dias ; quand il se marie, il va vivre au Rangel, autre faubourg populaire.

C’est dans ce quartier que la fratrie a grandi, vit et répète toujours aujourd’hui.
PIRIKA DUIA: Les créations des Gingas venaient des danses de carnaval, les kazukutas et autres, des turmas. Mon père jouait aussi des percussions et fabriquait des instruments. L’inspiration de mon père c’était à 80% les batuques, qu’il transposait à la guitare. Duia est d’origine bakongo et s’inspire beaucoup des grands artistes congolais de la guitare, Wendo Kolosoy et Franco, d’ailleurs tous deux bakongos, comme on peut l’entendre dans son Lamento, enregistré en 1963. PIRIKA: C’est mon père qui a créé le concept de solo, c’est à partir de lui que Marito des Kiezos, Zé Keno des Jovens do Prenda, ont commencé à faire des solos. Et il a même influencé, d’une certaine façon, Carlitos Vieira Dias et Botto Trindade.

La créativité et la virtuosité de Duia a effectivement inspiré les guitaristes solistes les plus singuliers: les jeux de Marito des Kiezos et de Zé Keno des Jovens do Prenda, deux groupes phares des années 60 et 70 et qui existent toujours. Ainsi que les inventions de Baião, autre grand soliste qui a tourné dans divers groupes.
Et aussi Belmiro Carlos, soliste et directeur musical du groupe Kisangela, Carlitos Vieira Dias fondateur des Merengues et de Banda Maravilha.
Sur la scène d’Africolor la Banda Duia jouera plusieurs oeuvres des Gingas, notamment des compositions de leur père – Lamento et BO 50 ainsi que Kasuzé, Mariana et Gia Messomè.

Ils présenteront leurs versions de grands titres du répertoire comme Semba Henda et Mboio du groupe Kiezos, ainsi que les merveilles que sont Benguela Libertada de l’immense guitariste soliste Botto Trindade et Calema, de la grande voix du semba, Carlos Burity. Pirika et ses soeurs et frère contribuent depuis vingt ans à la vitalité du semba et des musiques populaires. Banda Duia c’est un dialogue inventif entre percussions et guitares, entre voix lead et choeurs. Les boucles et les jeux des cordes répondent aux pulsations rythmiques. La Banda n’est pas dans la célébration d’un patrimoine; elle crée une dynamique irrésistible, légère et fraîche, contemporaine et néanmoins ancrée dans leur histoire. Tous sont connectés aux sons du monde et cela s’entend dans leurs jeux et leurs vibrations.

Ariel de Bigault

 

TPM 
MONTREUIL
17. DÉCEMBRE 20:00

TGP
SAINT-DENIS
18 DÉCEMBRE
20:00